Pour comprendre le concept de Logiciel Libre, vous devez d’abord comprendre ce qu’est un logiciel (ou encore programme ou application). Du point de vue de l’utilisateur, un logiciel est une application qui répond à l’un de ses besoins (traitement de textes, programme de dessin, jeu, ...). C’est une suite de petites instructions invisibles pour l’utilisateur, qui forme un tout cohérent.
Ces logiciels ont besoin d’un système d’exploitation pour fonctionner. Le système d’exploitation permet d’accéder aux ressources de la machine (lecteur de disquette, écran, clavier, ...). C’est aussi le système d’exploitation qui se charge d’exécuter les instructions du programme constituant le logiciel.
Les instructions d’un logiciel sont écrites dans un langage que l’ordinateur peut comprendre, le langage machine (ou langage binaire). En revanche, il est très difficile (voir impossible) à un humain de le comprendre (c’est de plus interdit dans de nombreux pays). La manière la plus courante de créer un logiciel est de l’écrire dans un langage informatique compréhensible par des humains, et ensuite de le traduire vers le langage binaire. Cette traduction est effectuée par un logiciel appelé compilateur. Le logiciel dans sa forme compréhensible est appelé source du logiciel, ou source du programme (celui-ci est aussi appelé "code source" par abus de langage), et dans sa version en langage machine, il est appelé "binaire".
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Le "logiciel libre" se rapporte à la liberté pour les utilisateurs d’exécuter, de distribuer, d’étudier, de modifier et d’améliorer le logiciel. Plus précisément, cela réfère à quatre niveaux de libertés :
1. La liberté d’utiliser/exécuter le logiciel pour quelque usage que ce soit.
2. La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins.
3. La liberté de redistribuer des copies.
4. La liberté d’améliorer le programme, et de rendre publiques vos améliorations de telle sorte que la communauté toute entière en bénéficie.
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Un logiciel libre protège la liberté des utilisateurs. A l’opposé, toutes les autres formes de distribution posent des problèmes en matière de liberté et de sécurité pour les utilisateurs :
Le freeware (logiciel gratuit), contrairement au "free software", indique simplement que le logiciel fourni est gratuit, indépendamment de sa licence. Dans beaucoup de cas, ce sont des logiciels du domaine public. Souvent, le source du programme n’est pas disponible, ce qui interdit, par exemple de corriger des bugs ou d’effectuer des améliorations
Un shareware (partagiciel) est la propriété de son auteur. Celui-ci demande aux utilisateurs réguliers de son programme une rétribution volontaire et ne permet pas la modification de celui-ci.
Un charityware impose de payer une contrepartie financière reversée à une ou plusieurs oeuvres de charité, il ne permet pas la modification du source du programme et impose des conditions sur la duplication.
Le logiciel du domaine public est gratuit et il n’appartient à personne et n’est pas protégé par une quelconque licence. Ainsi, une entreprise peut par exemple, s’approprier le source du logiciel et le placer sous une licence propriétaire.
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N’importe qui peut participer à la création, à l’évolution, d’un logiciel libre, et ce, de plusieurs façons. Un programmeur peut, par exemple, apporter sa contribution pour la programmation du logiciel, quelqu’un d’autre peut créer la documentation ou tester le logiciel.
Certains auteurs sont bénévoles et font cela comme hobby, mais d’autres sont payés pour développer des logiciels libres, par exemple quand leur compagnie réalise des améliorations pour son propre compte, mais souhaite redistribuer les modifications à la communauté, en "contrepartie" des avantages qu’elle a eu à baser ses développement sur un logiciel existant, fiable, et de bonne qualité.
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Il y a plein de raisons pouvant pousser un programmeur à faire du libre. Celui-ci peut vouloir développer un logiciel et en faire profiter la communauté, ou rajouter des fonctionnalités à un logiciel libre existant suivant ses besoins. Ou tout simplement, il peut désirer obtenir de l’aide en regroupant d’autres programmeurs autour de son logiciel.
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Les entreprises ont parfois eu un point de vue négatif sur le Logiciel Libre. Ceci peut être lié à plusieurs raisons :
La liberté en elle-même : il est parfois difficile d’accepter le terme "Logiciel Libre", qui fait au premier abord penser à un certain côté "anarchiste", opposé à l’idée de profit. Or le Logiciel Libre n’est absolument pas opposé à la notion de profit lié à l’utilisation ou la vente des logiciels. Au contraire, celui-ci est encouragé, à condition que la liberté du logiciel soit préservée.
Il n’y a pas vraiment de structure qui régit le monde du Logiciel Libre (et c’est tant mieux !), mis à part des initiatives comme le projet GNU. Peu de sociétés de taille respectable ne proposent actuellement des solutions à base de logiciels libres sur une grande échelle. Ceci change radicalement actuellement, et l’implication d’acteurs comme IBM est de plus en plus importante[2].
Le côté gratuit, couplé à une absence totale de marketing gène les décideurs, qui mettent les logiciels libres au même niveau que les logiciels gratuits (freeware), qui ne justifient souvent leur existence que par leur gratuité. La gratuité d’un logiciel libre n’est qu’un détail. Elle existe, mais ce n’est pas la raison d’être du mouvement du Logiciel Libre. Et pour les grandes entreprises, les facteurs de coût de licences ne constituent pas la majorité des dépenses en matière d’équipement.
La méconnaissance en entreprise des licences utilisées dans le monde du Logiciel Libre provoque la prudence de la part des juristes de telles sociétés. Cette crainte est souvent couplée à la problématique des brevets logiciels.
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Le Logiciel Libre avance à pas de géant, et ce, grâce à la médiatisation. On voit de plus en plus de logiciels libres en entreprise, et on voit même des entreprises en tirer profits.
De plus, les jeunes diplômés sont maintenant de plus en plus formés au sein de leur cursus à l’informatique libre (projet de développement utilisant du Logiciel Libre, système d’exploitation, centres de calcul équipés). Les étudiants d’aujourd’hui sont les professionnels de demain et beaucoup d’entre eux vont introduire le Logiciel Libre dans leur entreprise.
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Il n’y a pas de limites au Logiciel Libre, excepté quand les lois régissant la propriété intellectuelle (brevets par exemple) interdisent complètement celui-ci. Le but ultime est de fournir le logiciel libre pour permettre aux utilisateurs d’exploiter leur ordinateur comme ils l’entendent, et de cette manière rendre obsolète le logiciel propriétaire.
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Le mode de développement communautaire de la plupart des logiciels libres (du moins ceux dont l’utilité est réelle en entreprise) garantit une pérennité au moins aussi grande que celle des applications propriétaires. Si un groupe de programmeurs décide subitement d’arrêter la maintenance d’un logiciel, il y a de grandes chances qu’un autre groupe de développement reprenne le flambeau et assure la maintenance. Par contre, si une entreprise fait faillite ou décide d’arrêter un logiciel propriétaire pas assez rentable, l’utilisateur est le plus souvent sans aucune possibilité de recours.
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Il est souvent difficile de prévoir les coûts réels de maintenance d’un outil, qu’il soit libre ou propriétaire.
Pour le logiciel propriétaire, les règles semblent souvent claires à l’achat, mais évoluent en réalité selon le bon vouloir des éditeurs, sans que les utilisateurs puissent y changer quoi que ce soit.
Avec les logiciels libres, il y a toujours une version stable. S’il n’y en a pas, alors il y a la version beta (version disponible mais reconnue comme non stable et non définitive). L’utilisateur est conscient du risque. Avec le logiciel propriétaire il est souvent difficile de faire la distinction entre stable et beta malgré le fait que ceci à un coût, ce qui est aussi le cas pour l’obtention des mises à jour qui sont de simples corrections de bugs.
Pour le Logiciel Libre, peu de sociétés ont l’audace de proposer des solutions clés-en-main packagées... et c’est peut-être mieux : étudier les coûts au cas par cas, en fonction des besoins réels de chaque client est sûrement plus réaliste.
Passer un contrat avec une société spécialisée dans la maintenance de logiciels libres peut être une bonne solution. De plus, le support effectué par l’ensemble de la communauté du Logiciel Libre suffit dans la plupart des cas à résoudre gratuitement les problèmes.
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Tout à fait, la FSF encourage ceux qui distribuent des logiciels libres à les vendre le prix qu’ils veulent (ou peuvent). La seule condition est que les sources de ces logiciels doivent être disponibles librement (ce qui implique bien évidemment que cet accès aux sources soit gratuit).
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Il convient de se soumettre à certaines restrictions précisées dans la GPL pour pouvoir vendre des logiciels libres. Tout d’abord, tout vendeur ou distributeur ne peut pas réduire les droits des utilisateurs qui ont acheté les programmes. Cela signifie que si vous avez acheté un CD-ROM de programmes soumis à la GPL, vous pouvez les copier autant que vous voulez et les redistribuer sans contrepartie financière. En second lieu, les distributeurs doivent préciser clairement aux utilisateurs que les programmes sont couverts par la GPL. Troisièmement, ces distributeurs ont l’obligation de fournir, gratuitement, tout le source du programme des programmes qu’ils distribuent. Ceci permet à toute personne achetant un tel programme de pouvoir lui apporter toutes les modifications qu’il désire.
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Les grandes surfaces spécialisées ou les rayons micro-informatique des grands magasins ou librairies proposent de nombreuses distributions GNU/Linux. C’est le meilleur moyen de se procurer un ensemble cohérent de logiciels libres, packagé, documenté, et, le plus souvent, accompagné d’un contrat de service après-vente pour l’aide à l’installation et à l’utilisation.
Beaucoup de sites Internet offrent des accès aux logiciels libres (sources, documentations, ...). De même, on trouve des distributions sur CD-ROM, dans les magazines sur les logiciels libres.
Enfin, notons que la FSF fournit tous les logiciels du projet GNU sur cédéroms, ainsi que de la documentation libre sous forme de livre imprimés.
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Les sources d’un logiciel permettent la description de celui-ci sous forme de texte lisible par un humain, à partir duquel est généré une forme exécutable par la machine. La possession du source du programme est obligatoire pour la compréhension du fonctionnement du programme et pour sa modification (améliorations, correction de bogues).
Quand un éditeur arrête la diffusion d’un programme, avoir ses sources permettra toujours à un prestataire d’assurer la pérénité de celui-ci. Avoir les sources permet de connaître les formats de sauvegarde d’un programme. Cela permet de connaître les interfaces et de transférer les données entre les différentes versions d’un même programme ou vers un programme concurrent. La disponibilité des sources d’un programme permet à un grand nombre de programmeurs d’y intégrer des idées novatrices ou des concepts éprouvés, d’améliorer ses performances ou de corriger les erreurs de celui-ci. Enfin, la disponibilité des sources du logiciel est une preuve de fiabilité du programme, puisqu’il peut être analysé par autrui.
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En général, le logiciel peut se présenter de deux façons différentes :
Soit la logithèque de votre distribution vous le propose et il suffit de cliquer sur le bouton "installer" pour lancer l’opération.
Soit il est déjà sous forme binaire prête à l’emploi, livré dans un paquetage (par exemple .deb ou .rpm sous GNU/Linux) prêt à l’installation. Dans ce cas il faut utiliser les utilitaires correspondant au format choisi (par exemple dpkg ou rpm) pour décompresser l’archive et pour l’installer.
Soit vous disposez des sources du logiciel, qui se présentent souvent sous la forme d’un fichier archive compressé (.tgz ou .tar.gz) ou non compressé (.tar). Dans ce cas, il suffit de décompacter l’archive avec la commande tar, puis de recompiler le programme.
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Le système d’exploitation GNU/Linux.
Les environnements de composition de textes, formés des outils TeX, LaTeX, Lyx, ainsi que groff.
Les environnements de traitement d’images Gimp (concurrent très sérieux de Photoshop), Gyve.
Les éditeurs GNU Emacs, ainsi que tous les autres logiciels GNU, dont gcc, g++, gawk, gmake, que vous pourrez retrouver sur le site de GNU.
L’environnement graphique multi-fenêtres XFree86 (bien que sa licence ne soit pas la GNU GPL).
Les différents langage de programmation Python, Scheme, Caml, MesaGL. Notons que la plupart de ces langages ne sont pas sous licence GPL mais sont bien des logiciels libres.
Les bases de données relationnelles MySQL, Postgres.
Samba qui permet d’utiliser une machine Unix comme serveur de fichiers et d’imprimantes pour des clients sous Macintosh ou Windows, ainsi que d’accéder aux ressources partagées de ces machines.
VNC (Virtual Network Computer) qui permet d’utiliser un même bureau sur plusieurs machines d’architectures différentes.
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Sauf mention contraire indiquée plus haut, le présent document est soumis aux conditions d’exploitation suivantes : copyright 2007-05-01 APRIL. Ce document peut être reproduit par n’importe quel moyen que ce soit, pourvu qu’aucune modification ne soit effectuée et que cette notice soit préservée.