Des claviers pour tous, pas à n’importe quel prix !  


Le 24 novembre 2011 une table-ronde était organisée par CF2D, la Commune de Forest et SAW-B

L’invitation de CF2D lançait bien la problématique sur son site :

Ordinateurs, claviers, téléphones portables, etc. Pas à n’importe quel prix... Les équipements électroniques terminent de plus en plus leur parcours dans les pays en voie de développement. Un geste de solidarité et une solution concrète pour lutter contre la fracture numérique. Oui mais… Une fois mis au rebut en Europe et là-bas, que deviennent-ils ? Démantelés ? Recyclés ? Entassés dans des décharges sauvages ? Sans traitement en fin de vie de ces matériaux, le Sud devient la « poubelle numérique » des plus riches. Quelles sont les alternatives possibles ?

Discutons-en !

Deux constats

et bien discutons-en et partons sur deux constats :

- La fabrication d’un ordinateur a une lourde empreinte écologique : Le rapport "Ordinateurs et environnement" a montré que la production d’un ordinateur de 24 kilos avec son écran 17 pouces nécessite 1,8 tonne de matériaux dont 240 kg d’énergie fossile, 22 kg de produits chimiques et 1 500 litres d’eau.
- L’afrique sert de poubelle informatique à l’Europe (et d’autres …) pour diverses raisons. La principale est que le démentellement des matériaux est très couteux si il faut respecter toutes les conditions de sécurité et de santé.

J’ai retrouvé un réportage diffusé par l’ARTE le samedi 24 octobre 2009 qui illustre bien la problématique et qui reste plus que jamais d’actualité.

Les ébauches de solutions

La lutte contre ce phénomène et ses solutions

1. La convention de Bâles

La convention donne un cadre législatif et réglementaire de la gestion des DEEE (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques) en Europe et de leur exportation vers les pays du Sud mais pas encore assez complet et cette convention est actuellement facilement contournable
Le principe de base : un pays signataire de la convention ne peut exporter des déchets dangereux que vers des pays signataires. Il doit être informé, obtenir son consentement et prouver que les déchets dangereux seront gérés selon « des méthodes écologiquement rationnelles » (art. 4, 2, e)

Cette législation est en phase de révision car telle qu’elle est écrite actuellement, le pays signataire envoit des DEEE dans des pays du sud (éventuellement non signataires) sous forme de dons sous prétexte de réduire la fracture numérique, mais la majorité des ordinateurs exportés sont inutilisables.

2. la solidarité numérique

C’est l’activité volontaire de dons de matériel informatique d’occasion pour réduire la pauvreté et les inégalités en matière de disponibilité de matériel informatique.
Un projet solidaire se caractérise par
- un accès aux informations et aux connaissances de manière libre et générale, sans distinctions de moyens
- une appropriation, par des groupes ciblés, des outils de la société de la connaissance et leur capacité à tirer partie de toutes leur fonctionnalités
- un partage de méthodes, de savoir-faire et de compétences entre les partenaires engagés dans une action.

Les champs d’action

1. Le réemploi ou la réutilisation

sont des systèmes ou des filières permettant de réutiliser un objet (pour l’usage pour lequel il était initialement prévu ou pour un autre usage) ou pour une partie de celui-ci (des pièces par exemple)

Les deux principaux critères sont
- la quantité du matériel collecté, reconditionné et exporté par unité de temps (par exemple : par année)
- la qualité des processus mis en place (préparation du matériel avant emploi, capacité à suivre et contrôler les processus de développement dans les pays destinataires) et de garantir la qualité des processus.

2. Le démantellement et la dépollution

sont des processus permettant de démenteller le matériel non réutilisable et de dissocier et récupérer les différents composants en toute sécurité et sans mettre la santé en danger. La dépollution est un processus extrèmement couteux.

3. Le développement de filières éthiques Nord-Sud de réutilisation

Ou comment faire de l’ordinateur de réemploi un enjeu de développement, ici et là-bas.

comment … :
- éviter que le Sud ne soit la poubelle du Nord sous pretexte de réduction de la "fracture numérique" ?
- penser autrement l’utilisation, le rapport à la consommation et apprendre au Nord à réemployer ?
- interroger la notion de "déchets" ainsi que celle de "ressources" potentielles ici et là-bas ?
- sortir du discours sur l’environnement de certaines entreprises pour promouvoir des pratiques réellement porteuses de changements ?
- développer des normes éthiques sans freiner les initiatives économiques ?

De nombreux enjeux sociaux, environnementaux, techniques, économiques, sanitaires, politiques et de développement sont directement ciblés.

Cette vidéo a été visionnée lors de cette journée et présente, grâce à Sénéclic, une idée de ce que peut donner cette filière éthique de réutilisation
Le son du film avec la traduction en français de certains passages

Recyclage informatique au Sénégal
envoyé par dmenchi. - Regardez plus de vidéos de science.

Et la place du logiciel libre

La place du logiciel libre dans ce contexte n’a été abordée qu’une seule fois dans les débats, et donc je donne mon avis personnel sur la problématique.

Actuellement, les pays du Sud comme du Nord, ont du mal à se lancer et accepter la mise en place d’un système et logiciels libres sur leur ordinateur. Or on se retrouve devant un sérieux problème de système d’exploitation à utiliser sur les anciens ordinateurs.

Normalement lors de la mise en service d’un ordinateur réemployé, le système d’exploitation initial doit être réinstallé et c’est pratiquement toujours une version obsolète de Windows. En effet l’ordinateur n’est souvent plus en mesure de supporter l’installation du dernier système en vigueur de Microsoft.

L’installation d’une ancienne version de Windows implique qu’il n’y a plus de mise à jour du système et donc :
- une plus grande vulnérabilité aux attaques et virus
- une difficulté de trouver des pilotes pour les nouveaux périphériques achetés qui ne fonctionnent que sur la nouvelle version du système d’exploitation
- une version récente de logiciels propriétaires, souvent, ne peut pas s’installer sur d’anciennes versions de Windows
- une incompatibilité de plus en plus grande en cas d’échanges de fichiers entre une version ancienne et une récente d’un même logiciel propriétaire
- un piratage accrus par manque de moyen

Donc, sous un discours éthique, écologique et social, au Nord comme au Sud, la réutilisation de matériel informatique ne fait finalement qu’augmenter la fracture numérique et le manque de connaissance. Ce qui est contraire aux intentions initiales de la convention de Bâle et d’une solidarité numérique éthique.

La solution est bien évidemment l’installation et l’utilisation de systèmes et logiciels libres sur les ordinateurs réemployés.

- un système d’exploitation stable, gratuit, puissant, actuel et en toute sécurité
- une installation simple et adaptée même sur des très anciens ordinateurs
- une multitude de logiciels bureautiques, généraux et de métiers sont à disposition (certains disent 35000)
- une adaptation possible de tous les logiciels car le code source est accessible
- une compatibilité complète entre les logiciels et les différentes versions d’un même logiciel libre
- une communauté cohérente et puissante qui aide, développe et partage
- un contrôle collectif de la sécurité et de la vie privée

Si l’utilisation de logiciels libres vous intéresse, voici quelques articles parmis d’autre mis à dispositions
- 7 bonnes raisons d’utiliser les Logiciels Libres
- des vidéos explicatives du libre
- l’annuaire des œuvres libres
- Logiciels libres : le moyen de réduire la fracture numérique

Les filières de collecte et de réemploi d’ordinateurs

- Les missions du Réseau de Ressources consistent à fédérer ces entreprises par filière et à les mobiliser autour de projets, une des filières est la collecte et le recyclage.
- CF2D, est un opérateur d’économie sociale dans le développement durable, la recherche-développement et les liens socio-économiques Nord /Sud.
- L’asbl Droit et Devoir collecte, reconditionne, répare et recycle des ordinateurs par exemple qui auraient été jetés à la décharge.
- Ecotop est une entreprise active dans le recyclage de consommables informatiques (cartouches, etc).
- Ordi 2.0, une filière française de collecte, de rénovation et de réemploi des ordinateurs.

Le document

Le document présenté lors de l’un des conférences est écrit par Marc TOTTÉ, Bernard GOFFINET et Thibault JACQUET avec le partenariat de CF2D, Enda et les petits débrouillards

Le don de matériel, un cadeau empoisonné ?

Les conférences

Les conférences ont été enregistrées et mise à disposition

- Intervention des autorités
- Le cadre législatif de la gestion des DEEE en Europe
- Caractéristique du secteur de la solidarité numérique européenne
- Les enjeux d’un développement de filières éthiques Nord-Sud de réutilisation
- E-déchet, les caractéristiques et les enjeux au Sénégal
- Présentation de la filière locale de réemploi et de la filière théorique "idéale" de récupération
- Présentation de l’économie populaire "écopole" de l’ong ENDA
- Questions-réponses de la fin de matinée
- Présentation des tables-rondes

En 2014, rien n’a changé

- Obsolescence programmée : 11 astuces des fabricants pour vous faire payer encore plus du site "Les montons enragés.
- Comment l’Europe fait passer ses déchets informatiques pour des dons « humanitaires » du site "Basta"